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Encore une brillante idée qui n’occulte en rien notre besoin d’éthique politique !!

Publié le jeudi 9 novembre 2006.


J’admire la méthode. Faire parler de soi en inventant des préoccupations, suggérant des propositions miracles et en se contredisant pour entretenir ces discussions, c’est renversant. Tout ceci sous prétexte que les français attendent que l’on pose les bonnes questions… cette sorte de néo populisme n’aura pas longtemps les effets escomptés. Les français veulent être pris en compte, pas pris pour des imbéciles !

Donc depuis une quinzaine de jours, la notion de jurys populaires a été lancée. Il ne s’agirait plus aujourd’hui que de conseils de quartier. Mais prenons néanmoins le temps de nous pencher sur la formule initialement choisie.

« Tirés au sort », ces jurys seraient « chargés d’évaluer les politiques et les actes de nos représentants ». Notre camarade avide d’entretenir son image d’élue à l’écoute des attentes populaires et de victime de ses adversaires politiques, s’est engouffrée dans une confusion pourtant évidente : celle qui sépare la participation des citoyens à la décision politique, de celle, plus grave, du contrôle du peuple de l’action des élus.

La concertation, l’information, le compte-rendu, oui. Mais rien ne semble plus antidémocratique alors que le tirage au sort de quelques uns pour commenter, évaluer, sanctionner le travail de ceux qui sont élus par le peuple. Lorsque l’on connaît l’influence des médias sur l’opinion, pourquoi pas directement leur demander de contrôler l’action des élus ? De toute façon ceci est un leurre, la classe politique et la classe médiatique sont intrinsèquement liées.

Si la séparation des pouvoirs telle qu’elle a été pensée par Siéyès et d’autres ne correspond plus aux attentes de l’Etat Nation, si le dialogue entre Etat et Nation mérite d’être redynamisé, ce ne peut être en donnant à quelques personnes au hasard le pouvoir de remettre en cause la légitimité de ceux qui ont été élus par la majorité. Oui la prise en compte de l’opinion publique est fondamentale, garante du bon fonctionnement des institutions représentatives. Oui les moyens de mesurer cette opinion, de la faire s’exprimer sont à réinventer, à développer. Des organismes intermédiaires, spécialisés et compétents, devraient également assurer un suivi et une évaluation de la mise en œuvre des décisions publiques. Et les élus ont certainement à réapprendre à communiquer avec leurs électeurs, à les informer, leur rendre des comptes.

Par là-même, c’est le rapport de l’élu à sa fonction qui est en cause. Pour recréer la confiance perdue, redonner de la crédibilité à l’action publique, il est plus qu’urgent de changer les discours et de les mettre en conformité aux actes. L’admiration envers François Mitterrand a ici ses limites. Il a su à une certaine époque redonner espoir en la Gauche, il a aussi petit à petit contribuer à le faire disparaître. Cesser les promesses en l’air, la surenchère politico-médiatique, voilà ce qui est urgent. Associer les citoyens aux décisions, leur en faire comprendre les enjeux sans tabous, sans mensonges, voilà qui pourrait combler le fossé qui sépare les équipes dirigeantes de leurs bases électorales. Je ne crois que de nouvelles promesses irréfléchies, de beaux mots employées sans responsabilité puissent répondre à cette attente.

Concilier l’aspiration de tous à être entendus, avec la responsabilité de certains de les représenter est louable. La démocratie participative peut en être un outil. Plus largement, c’est tout le statut de l’élu et son éthique qui rendront à la politique ses lettres de noblesse.