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DSK dans le parisien du 12 novembre

Publié le dimanche 12 novembre 2006.


Interview de Dominique Strauss-Kahn dans le journal « Le Parisien » du 12 novembre.

Ségolène Royal n’a-t-elle pas raison, dans la vidéo d’Angers, de suggérer que les enseignants pourraient travailler davantage ?

Dans notre pays, l’école ne joue plus assez bien le rôle d’ascenseur social. Les enseignants sont les premiers à le déplorer. C’est pourquoi le projet du PS veut renforcer la lutte contre les inégalités, en mettant notamment en place un service public de la petite enfance. C’est une proposition que je crois essentielle et pour laquelle je me suis beaucoup battu. Mais on ne réformera l’école qu’avec les enseignants, pas contre eux. L’effort à fournir est considérable. Il demande du travail, des crédits, mais surtout une détermination politique sans faille. J’ai cette volonté.

Qu’avez-vous appris lors des trois débats télévisés dont Ségolène Royal continue de dire qu’ils étaient destinés à la piéger ?

Curieuse conception de la démocratie que de concevoir le débat comme un piège ! La confrontation des idées est les meilleur service à rendre à la République. Cette campagne est tout à l’honneur du PS. Elle intéresse les Français. Elle passionne les jeunes. C’est quand même formidable ! ... A travers cette confrontation démocratique, j’ai essayé de montré ma cohérence sociale-démocrate, ma conviction sociale, ma détermination à dire la vérité aux Français et, surtout, ma certitude qu’il existe un chemin pour leur rendre la confiance.

Qu’aimeriez-vous que les téléspectateurs aient retenu de vos propos ?

Il existe un chemin de solidarité pour la France dans la mondialisation. Cette voie est sociale-démocrate. En 2007, ce sera le « pacte de l’Elysée », une grande négociation sociale dont l‘objectif sera d’augmenter les salaires, d’inventer la sécurité sociale professionnelle, de garantir les retraites et l’assurance maladie. Ce sera aussi l’année de la création du patrimoine de départ dans la vie pour tous les jeunes. En 2008, ce sera, avec la présidence française de l’Union, la grande relance de l’Europe. En 2009, je proposerai, après l’élection du nouveau président américain, une conférence mondiale qui prenne enfin les décisions qui s’imposent pour lutter contre le changement climatique. Voilà mon plan de route. Avec, en ligne de mire, une ambition : que la France retrouve le plein emploi en moins d’une décennie. Et c’est possible !

Persistez-vous à dire que l’Iran a le droit au nucléaire civil, ce que refuse Ségolène Royal ?

Oui. Le dossier iranien est l’un des plus dangereux et des plus délicats que le prochain président aura à traiter. L’objectif de toute la communauté internationale, c’est d’éviter que l’Iran accède au nucléaire militaire. La méthode doit mêler une fermeté sans faille et une capacité de dialogue. Je n’aime guère, vous l’imaginez, le régime iranien. Mais ce serait s’engager dans une escalade dangereuse que de lui refuser l’accès au nucléaire civil. Au nom de quoi ? La position de la France doit être simple et claire : le respect du traité de non-prolifération nucléaire, qui interdit le nucléaire militaire et non le nucléaire civil.

Eviter que la Turquie se tourne vers l’Iran et l’Irak, est-ce une raison suffisante pour souhaiter son entrée dans l’Europe ?

Avouez qu’un axe entre ces trois pays, produit par une hostilité européenne, pourrait être pour le moins dangereux. Je crois nécessaire de faire respecter la parole de la France. Nous avons fixé des conditions à l’adhésion de la Turquie à l’Europe. Elles ne sont pas encore réunies, notamment dans le domaine des droits de l’homme. La Turquie a encore bien des réformes à accomplir. C’est à la Turquie de faire ses preuves, pas à l’Europe à se dérober. Il serait, là aussi, aventureux de fermer d’emblée la porte aux Turques. Il faut faire respecter nos valeurs, mais ne jamais humilier de grands peuples.

Croyez-vous sérieusement à un second tour ?

Oui, très sérieusement. Un deuxième tour, ce serait le gage que le candidat socialiste prendra en compte tous les avis. Dire qu’il faut à toute force une élection dès le premier tour, c‘est vouloir avoir les mains libres vis-à-vis du PS.

Dans cette hypothèse, si c’est vous qui affrontait Ségolène Royal, avez-vous prévu de tendre la main à Laurent Fabius ?

Je tends déjà la main à toutes et à tous. Je partage avec Ségolène Royal l’envie de bouger la gauche, le nécessaire renouveau de la France, la confiance dans les Français. Je partage avec Laurent Fabius la préoccupation de l‘union des gauches et le souci de la puissance publique. Mon deuxième tour rassemblera ces exigences. Car au premier tour on défend une identité. Et au second on démontre sa capacité à rassembler sans se renier. Puis on est le candidat de tous les socialistes. Je ne veux pas gagner contre quelqu’un, mais pour un renouveau. Et celui-ci a besoin de tous.

Quand les socialistes s’empoignent, Nicolas Sarkozy, dit-on, se frotte les mains ...

Il a bien tort. Les socialistes débattent pour se rassembler. A droite, c’est plutôt le rassemblement contre Sarkozy. Leader d’un parti divisé et vice-Premier ministre d’un gouvernement décrié, Nicolas Sarkozy aura beaucoup de mal à faire oublier sa situation : celle de l’homme le plus contesté de France.

L’entrée en campagne de Chevènement, est-ce, pour le PS, une mauvaise nouvelle ?

C’est moins l’entrée en campagne qui me gêne que le thème de celle-ci. Jean-Pierre Chevènement n’a-t-il vraiment rien de nouveau à proposer aux Français que de sanctionner le PS ? La mise sur le même plan de Chirac et Jospin en 2002 par Jean-Pierre Chevènement n’avait déjà pas aidé la gauche. Alors, réservons nos attaques à Nicolas Sarkozy : il le mérite amplement !

Propos recueillis par Dominique De Montvalon.